[Interview] CDLK suit l’impact de la crise sanitaire sur la consommation
Interview Finance Innovation
La crise sanitaire de la COVID-19 a bouleversé nos habitudes et nous a contraint à repenser nos modes de consommation. CDLK, spécialiste de l’exploitation de la donnée bancaire, a analysé l’évolution des dépenses des français depuis l’annonce du premier confinement en mars 2020. Grâce à la mise en place de son Baromètre Payment Data CDLK « Impact COVID-19 », la fintech suit dans le temps les tendances de consommation secteur par secteur avec une vision du niveau de dépenses par canal (online ou physique).
Patrick Villeneuve, COO-CTO & Co-Fondateur de CDLK, nous dévoile les spécificités de ce nouveau baromètre.
CDLK en 2020 : quelles sont à date les solutions que vous proposez ?
CDLK est une Fintech française spécialisée dans l’exploitation de la donnée de paiement carte bancaire, qui représente plus de 11,4 milliards d’opérations annuellement. CDLK a conçu une solution Big Data permettant de transformer cette donnée pour la mise en place de nouveaux services digitaux pour la Banque.
Nous nous sommes lancés en France en 2013 avec pour ambition de réinventer le modèle des programmes de fidélité des banques, en proposant aux clients des offres de cashback automatiques lors de leurs achats réalisés par carte bancaire. Ce type de programme se démarque par sa simplicité d’usage (ni coupon, ni code promotionnel) et sa capacité à proposer aux commerçants partenaires des ciblages basés sur le comportement d’achat.
Grâce sa technologie innovante développée dans ce domaine, CDLK est aujourd’hui Numéro 1 sur le marché du cashback carte bancaire en France, avec une plateforme traitant annuellement plus d’un milliard de transactions carte pour plus de 4 millions d’adhérents auprès d’environ 10 000 points de vente enrôlés. Notre plateforme logicielle a notamment été retenue pour opérer les programmes Citystore de LCL et Le Cashback de Société Générale.
Plus largement, notre expertise dans le domaine de la data monétique repose sur une solution technologique innovante combinant les dernières avancées dans le domaine du big data et du machine-learning. Grâce à elle, nous sommes capables de transformer la donnée de paiement en services répondant à plusieurs cas d’usages pour la banque et ses différents segments de clientèle : particuliers, professionnels, entreprises.
Parmi nos solutions digitales, nous proposons :
– La mise en place de programmes de fidélité innovants proposant aux clients particuliers des banques des rewards personnalisés et automatisés lors de leurs achats réalisés par carte bancaire ;
– La clarification des libellés sur les relevés bancaires avec une auto-catégorisation complète et fiable des dépenses ;
– La segmentation intelligente des clients basée sur leur comportement d’achat ;
– La production d’indicateurs clés d’activité géolocalisés et en mode benchmark (KPI’s) pour les commerçants.
Quel impact la crise sanitaire a-t-elle eu sur les paiements ? Quelles leçons peut-on tirer de la COVID-19 ?
Le premier confinement a eu un impact immédiat sur les habitudes d’achats des français, entrainant une baisse sensible des dépenses (-50% du niveau de dépenses global carte bancaire fin mars*). Pour autant, l’adoption du sans contact et les achats en ligne ont permis un essor des paiements par carte bancaire, qui reste de loin le moyen de paiement le plus utilisé en France.
Cette tendance rend d’autant plus pertinente la mise en place de programmes de fidélisation associés à la carte bancaire. Il s’agit pour les banques d’un dispositif d’accompagnement opérationnel pour soutenir leurs clients commerçants dans ce contexte de crise inédite. Il permet également d’offrir aux consommateurs la possibilité de réaliser de petites économies lors de leurs achats au quotidien, avantages particulièrement appréciés en temps de crise.
Par ailleurs, notre équipe de data scientists s’est mobilisée pour suivre l’impact de la crise sanitaire sur les comportements d’achats. Nous avons lancé à cette occasion le Baromètre Payment Data CDLK « Impact COVID-19 », qui nous permet de mesurer dans le temps le niveau des dépenses carte bancaire en France.
Vous avez donc pris l’initiative de créer le Baromètre Payment data CDLK « Impact COVID-19 ». Pouvez-vous nous présenter cet outil en quelques mots ?
Après l’annonce du premier confinement en mars dernier, nous avons souhaité mettre à contribution notre expertise dans l’exploitation de data de paiement carte bancaire afin de mesurer l’impact du confinement sur les dépenses des français.
Nous avons alors eu l’idée d’un Baromètre permettant de monitorer la tendance des paiements secteur par secteur et selon la typologie d’achats (en magasin ou onlne).
Nous nous sommes appuyés sur les dépenses carte bancaire d’un échantillon anonymisé de plus de 150 000 consommateurs en France, exploitées et enrichies par notre Payment Data Management Platform, dont l’une des fonctionnalités phares est de catégoriser automatiquement les dépenses en une vingtaine de secteurs, eux-mêmes subdivisés en une centaine de sous-secteurs.
Le Baromètre a permis de suivre chaque semaine le comportement d’achat des Français pendant le premier confinement, puis de mesurer le niveau de reprise de la consommation chez les commerçants dans le temps ; un indice par secteur et sous-secteur que les médias utilisent régulièrement dans leur analyse depuis le début de la crise.
Il ressort de cette crise que les achats en ligne se sont accélérés avec la crise, est-ce que vous confirmez cette tendance ?
Avec la fermeture des commerces imposée par le confinement, les consommateurs se sont nécessairement tournés vers le e-commerce. Grâce au Baromètre Payment Data, nous avons mesuré une forte progression des achats carte bancaire dans le commerce en ligne, passant de 30 à 43% au printemps dernier. Certaines enseignes en ont largement bénéficié, notamment sur le secteur de la maison et du bricolage.
La tendance est toutefois revenue à un niveau stable à la sortie du premier confinement, les français ayant repris petit à petit leurs habitudes d’achat. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur l’accélération du e-commerce mais sur le long terme, au-delà du plaisir que les consommateurs ont eu à re-fréquenter les boutiques physiques, il est tout à fait possible que cette crise ait fonctionné comme un accélérateur du taux d’adoption des achats en ligne. Avec la récente annonce d’un nouveau confinement, cette tendance reste à suivre …
Quels sont vos projets ou initiatives à venir ?
Nous sommes sur un marché d’exploitation de la donnée bancaire en pleine émergence, constitué d’acteurs s’appuyant sur des approches technologiques différentes, notamment sur le choix de la source de la donnée à exploiter.
Certains nouveaux entrants ont fait le choix de se positionner dans l’écosystème de l’openbanking de type DSP2 dont on voit actuellement les limites, avec la mise en place d’APIs (en substitution du webscrapping) sans cesse retardée au sein des banques et dont personne ne sait à ce jour si le niveau de stabilité permettra une expérience client satisfaisante.
De plus, pour ces acteurs de la DSP2, l’obligation de collecter des données appauvries au niveau du relevé de compte tire de nombreuses problématiques qui seront difficiles à contourner. Or, cette non-qualité des libellés de dépenses carte bancaire sur les relevés d’opérations sont à l’origine du problème de catégorisation.
Nous avons fait un choix différent puisque notre technologie s’appuie sur les données disponibles en amont de la chaîne au sein des flux monétiques bruts. C’est un véritable avantage puisqu’il s’agit à ce jour de la seule méthode pouvant garantir une exploitation à forte valeur ajoutée de la data de paiement, tout en répondant aux enjeux de performance, fiabilité et conformité attendus par les banques.
Nous allons donc continuer à proposer cette solution de référence du marché, en développant de nouveaux cas d’usages pour la banque de détail.
Par ailleurs, avec le reconfinement annoncé fin octobre, nous allons essayer de nous rendre utiles en analysant l’impact de la fermeture des commerces « non essentiels » sur le niveau de dépenses des français, et notamment le report sur les achats online avec l’approche des fêtes de fin d’année.
Patrick Villeneuve
COO-CTO & Co-Fondateur de CDLK
* source : Baromètre Payment Data CDLK